

La ville d'Amélie-les-Bains telle qu'on la connaît aujourd'hui est née dans la première moitié du XIXe siècle. Elle est le fruit d'un essor rapide et d'une véritable explosion architecturale autour des sources thermales pourtant connues et utilisées dès l'Antiquité.
Au XIXe, et particulièrement sous le Second Empire (1852-1870) et la IIIe République (1870-1840), les stations thermales françaises connaissent un véritable essor. Sous Napoléon III, le nombre de curistes est multiplié par trois. La clientèle des établissements thermaux est issue majoritairement des milieux les plus aisés et parfois même des plus hautes sphères de la société. Il n'est pas rare que les stations se prévalent du parrainage d'une impératrice, d'une reine ou d'un archiduc. Cette fréquentation de la haute société participe à la renommée des stations et donc à leur succès.




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Après la première moitié du XIXe, le thermalisme ne se limite plus aux espaces de soin, la ville est concernée par l'activité des thermes, l'impact de ces dernière agit sur l'ensemble de la ville et son développement. Organiser les rues, les lieux de sociabilité, les transports, entre autres, devient un enjeu fort. Amélie, comme l'ensemble des villes d'eau de renom, va alors se parer en très peu de temps d'un ensemble d'infrastructures et de lieux de sociabilité attendus par sa clientèle : un grand hôtel des thermes, un casino, des courts de tennis, buvette, et autres salles de spectacle.



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À Amélie, les bâtiments publics, quant à eux, oscillent entre différents styles : on préféra parfois un style se rapprochant du néoclassicisme : la mairie, ancienne école, construite en 1880, présente des éléments empruntés à l'architecture antique (fronton de temple, pilastre, chapiteau, arche plein-cintre). Certains grands hôtels préféreront également une architecture relativement classique, présentant des arches ou atriums.





Frise en céramique

Toît débordant soutenu par des aisseliers en bois
Toîture Ã
croupe
L'architecture privée - villas, chalets, hôtels - va contribuer à valoriser l'image de la station diffusée par la publicité naissante. Les architectes de villas, bâtissant pour les plus riches clients de la station ou les occupants à temps complet (médecins, propriétaires locaux), vont en effet jouer sur le double profil de la station pyrénéenne : entre altitude, climat sain et calme et lieu de mondanité.
L’architecture des villas – chalets, parés de boiserie, de toitures avancées, de tuiles plates ou d'ardoise, de faïence sur les façades – installe l’image de maisons « authentiquement » montagnardes, pyrénéennes, qui ne correspond en aucun cas à l'architecture locale plus ancienne : ainsi les façades hautes et étroites des maisons dites catalanes, aux balcons de fer forgé, sont-elles en partie abandonnées au profit de chalets aux toits pentus.

Après la Seconde Guerre mondiale et la reconstruction progressive, la clientèle des stations thermales évolue énormément. En effet, à partir des années 1950, le thermalisme élitiste où soin, mode, villégiature et mondanités se confondaient, doit s’adapter au tourisme plus populaire et à la protection sociale pour tous. En 1947, la jeune Sécurité Sociale prend en charge par décret les soins relatifs au thermalisme. Les stations deviennent alors avant tout des lieux de soin pour tous les bénéficiaires d'une protection sociale légalement encadrée. En France, le nombre de curistes a alors explosé : on passera de 100 000 après la guerre à 600 000 dans les années 1980.
Ces nouvelles constructions marquent l'entrée dans la ville du style moderne et international entre les années 1960 et 1980. Abandonnant toute forme d'ornementation, l'architecture est pensée pour privilégier l’ aspect pratique et le souci d’hygiénisme - peut-être aux dépens de l'esthétisme -.




A lire sur le sujet :
CAILLIE J.Jacques, Mon Village dans le siècle : Amélie-les-Bains, Société vallespirienne de tir , 2000
Amélie-les-Bains, Palalda, Montalba, Éditeur Maury, 1983