

La Villa "Las Indis" a été édifiée au cours des années 1900-1901 par l’ingénieur civil Pierre Monin (1837-1910). Homme d'affaire avisé, Monin acquiert les mines de Fer de Batère en 1897 et fait donc construire une villa à proximité immédiate de l'arrivée du minerai extrait de la montagne et acheminé jusqu’ à Arles-sur-Tech via un système de wagonnets aériens. À sa mort, son neveu, Joseph-Georges Monin, hérite des mines et de la villa. En 1917, il les vend à la société Commentry-Fourchambault-Decazeville qui cédera la demeure à la commune en 1936, date à laquelle elle deviendra la mairie, comme c’est encore le cas aujourd'hui.
Cette grande demeure, fruit d'une réussite industrielle, est à la fois une résidence de villégiature (les Monin habitent la plupart du temps dans un hôtel particulier à Paris), mais aussi une maison directoriale présentant une architecture de domination et d'ostentation de la réussite et du pouvoir du propriétaire. Ces deux aspects sont omniprésents dans la structure, l'organisation et le décor de la villa.
La villa Las Indis est un édifice à deux étages sur rez-de-chaussée surélevé. Les différentes pièces forment un plan asymétrique. Chacune d'elles est distribuée à partir d’un vaste vestibule central éclairé par un plafond vitré. L'aspect irrégulier du plan se retrouve également dans l'élévation. L'ensemble forme un agencement de volumes très variés donné par des hauteurs de toitures différentes et la multiplication des porches, terrasses ou escaliers extérieurs.
La Villa Las Indis
Mairie d'Arles-sur-Tech




Plan du
rez-de-chaussée



L'extérieur est marqué par une austérité et un goût prononcé du style néo-médiéval avec la présence de la tour ouverte par des baies géminées, des fenêtres trilobées, de la façade à redans, motif récurrent des demeures flamandes des XVe-XVIe siècles. L'ensemble est animé par le jeu de la polychromie naturelle des matériaux employé : les chaînes d'angle et les encadrements de baies gris clair tranchent avec le gris foncé des blocs de granite taillés constituant le gros des murs.
Bien que les formes architecturales et les matériaux employés renvoient à des styles du passé et des méthodes de construction traditionnelles, la Villa las Indis n’en est pas moins une véritable construction moderne du début du XXe siècle. En effet, le béton armé constitue la structure principale de la demeure. De plus les vitraux des fenêtres ne sont pas soufflés, mais « coulés sur table », une technique très moderne pour l'époque. Ensuite, Monin a veillé à installer tout le confort d'un habitat bourgeois du XXe siècle : le chauffage central, l'électricité et les équipements sanitaires.
A l'austérité et à la froideur de la pierre répond, à l'intérieur, une atmosphère "fleurie" agrémentée de fantaisies architecturales : des plafonds à caissons, un plafond en stuc richement orné, des cheminées peintes de motifs végétaux, des vitraux colorés, des lambris, des portes "art nouveau" et un décor floral signé Henry Barberis et peint sur toile marouflée aux murs, constituent la décoration du salon. Au rez-de-chaussée, lieu de réception, on peut noter encore plus de recherche dans le décor, ce qui tend à s'atténuer dans les étages. En cela villa Las Indis est aussi une demeure d'apparat d'un nouveau riche industriel.
Conservant des caractères traditionnels et pittoresques des maisons de villégiature tout en étant ancrée dans la modernité, cette villa témoigne d'une habile synthèse stylistique entre Art Nouveau et éclectisme avec l'évocation des formes anciennes.



Plan du
1er étage
A lire sur le sujet :
CANDELIER, Karen, La villa Las Indis, Maîtrise d’Histoire de l’Art Contemporain sous la direction de J.-F. Pinchon – Université Paul Valéry Montpellier III, 2002-2003